Certains films ne flattent pas les consciences : ils les réveillent. « Fanon », le dernier long-métrage de Jean-Claude Barny, en fait partie. Plutôt qu’un simple film biographique, le cinéaste livre un geste artistique fort, une véritable mise en tension du présent par la mémoire. À travers ce portrait flamboyant du Docteur Frantz Fanon (1925-1961), il rouvre sans s’excuser la plaie coloniale, ravive une parole que l’on préfère trop souvent taire, et redonne souffle à une pensée intensément vivante — lucide, révoltée, inépuisable. Dans cet entretien, le réalisateur revient, entre autres, sur la genèse de ce film ambitieux, sa mise-en-scène unique, et la puissance intacte de la parole fanonienne dans un monde encore traversé par des logiques implacables de domination. Une parole rare et nécessaire, pour un film qui l’est tout autant.
Après avoir visionné “Fanon”, une chose frappe les spectateurs assez rapidement, vous semblez le connaître depuis si longtemps…
Jean-Claude Barny : Je pense qu’être réalisateur implique qu’il est primordial, lorsqu’on s’attelle à la narration d’une figure envers laquelle on éprouve une émotion vive, de se nourrir d’un véritable vécu en lien direct avec le sujet de son histoire. Pour être prêt à attaquer le récit passionnant et complexe d’un personnage historique comme Frantz Fanon, il fallait vraiment que je considère l’avoir assez étudié, mais surtout l’avoir assez ressenti. D’autant plus que c’est la première fois qu’un film de fiction lui est consacré — jusque-là, seul le documentaire s’était risqué à l’approcher d’aussi près.
C’est-à-dire ?
C’est à dire que je me trimballe Frantz Fanon sur le dos depuis ma plus tendre enfance (rires). Mais même plus jeune, je ne me souviens pas l’avoir considéré comme un appui littéraire ou même philosophique. Plutôt, à travers la lecture de ses œuvres majeures comme “Les Damnés de la Terre” ou “Peau noire, masques blancs”, Fanon a rapidement pris le rôle d’un mentor, pour moi. Il est celui qui m’a permis de m’élever intellectuellement et même spirituellement. Il est comme un membre de la famille, vers lequel je me tourne en période de doute ou de questionnement, en me plongeant dans ses écrits. Il est un accompagnateur nécessaire, à mes yeux mais aussi à celui de millions de personnes que ses pensées et ses actes ont pour toujours chamboulés, complètement bouleversés.

Cette affection profonde pour votre sujet ressort énormément à travers vos choix de réalisation qui semblent magnifier Alexandre Bouyer (interprète de Frantz Fanon dans le film) à chaque fois qu’il apparaît à l’écran !
Oui, Alexandre ne manque pas de charisme, il l’est assez naturellement (rires) ! Et en ce qui concerne la réalisation, je pense que c’est dû à deux choses. Avant tout, il est clair que, lorsque je tourne le film, ou même avant lorsque je l’imagine, mon souhait est de faire de ma place, celle du spectateur. Je ne suis pas là pour diriger, je suis là pour écouter. Je suis l’étudiant, avide de savoir, qui apprend du sachant, du professeur pour qui j’éprouve un profond respect. Par exemple, c’est pour ça qu’on a privilégié les plans en plongée, que j’ai essayé aussi de rendre les plus lumineux possible, lorsque la caméra se concentrait sur Alexandre. Il fallait le rendre flamboyant, passionnant.
Et la deuxième raison ?
Ce que je voulais dès le départ, alors même que le film n’était encore qu’une idée lointaine, c’était d’en faire un véritable objet de réflexion. À mes yeux, “Fanon” devait rester accessible, tout en éveillant une curiosité profonde, en incitant à l’apprentissage, à la pensée. Il fallait rendre palpable l’œuvre de Frantz Fanon, son regard sur le monde, sur ceux qui l’habitent et sur les blessures qui le traversent. Il ne s’agit pas d’une leçon, je ne me permettrais jamais d’en donner : c’est un partage. Un partage de ce que nous avons été, de ce que nous sommes encore. Tous les choix de mise en scène ont été pensés dans cette optique. Mon ambition était d’ouvrir un espace de dialogue avec le spectateur, de l’emmener vers une pensée vaste, dense, bouleversante. Pour cela, il fallait donner à ce film — et au personnage de Frantz Fanon — toute la force magnétique qui était la sienne, cette aura qui impose, qui marque, qui interpelle.

Vous avez mentionné la personnalité de Frantz Fanon, et justement, dans le film, elle transparaît comme mélangeant détermination et calme de manière assez unique.
Depuis longtemps, j’éprouve le besoin de briser cette image déformée que certains ont trop souvent imposée à Frantz Fanon : celle d’un homme crispé sur la violence, d’un extrémiste tout en gestes vides. Rien ne pourrait être plus réducteur. Ce que je voulais montrer, c’est la beauté complexe de cet homme : sa lucidité, son intelligence, sa grandeur humaine.
Fanon était en mouvement perpétuel, toujours en train de construire, même au milieu des ruines. Il était habité par un feu intérieur, celui de ceux qui savent que la justice n’advient jamais sans lutte. Mais ce feu n’était jamais bruit, jamais chaos : il était détermination, exigence, maîtrise. Fanon était psychiatre, révolutionnaire, penseur, anticolonialiste — une figure profondément stratège, d’un calme exemplaire, qui pensait l’action dans toute sa portée émancipatrice. Alors non, Fanon n’était pas violent. Il était au-delà de la violence : il en était l’analyste. Il en a disséqué les causes, les fonctions, les conséquences — notamment à travers son engagement total dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie, où sa pensée s’est forgée dans l’urgence, la résistance et le réel.
Justement, de toutes les périodes marquantes de la vie de Fanon, comment êtes-vous parvenu à choisir sur laquelle devait se concentrer l’action entière du film, qui se déroule en Algérie, en 1953 ?
Il y avait, c’est vrai, dans la vie de Fanon, beaucoup de périodes charnières sur lesquelles j’aurais voulu m’attarder, tant elles étaient passionnantes. Une œuvre retraçant ses jeunes années, de son enfance en Martinique à ses études à l’Université de Lyon, en passant par son engagement dans l’Armée française de la Libération, aurait été passionnante à mettre en images et en mouvements ! Mais je pense que j’ai fini par faire ce choix de manière assez instinctive, très spontanément. La révolution algérienne a profondément marqué l’Histoire, elle est narrée comme une véritable réussite à travers le monde, comme un exemple pour les peuples opprimés. Et elle a été au plus haut point impactante pour Fanon, qui y a pris part activement et pour qui la lutte contre la colonisation et l’impérialisme était plus que nécessaire, carrément vitale. En Algérie, Fanon a façonné sa destinée en prenant part à un événement bouleversant et historique. C’était une période importante à raconter…
Oui, surtout lorsque l’on prend en compte le contexte international actuel, notamment en Palestine ?
Effectivement, la sortie de “Fanon” intervient dans un moment particulièrement sombre. La situation à Gaza est un exemple flagrant de ce que la colonisation engendre de plus violent et de plus destructeur. Pourtant, rien n’était prémédité : le tournage du film a commencé plusieurs mois avant les événements tragiques du 7 octobre 2023, et donc bien avant ce déferlement de terreur et de mort qui s’abat depuis sur la population palestinienne. Mais même si cette coïncidence est fortuite, je ne peux m’empêcher de penser que ce film arrive à un moment crucial. Il entre en résonance avec le présent, parce que les logiques coloniales que Fanon analysait sont toujours à l’œuvre, et parce que les blessures qu’il décrivait — dépossession, domination, déshumanisation — continuent d’être infligées à ceux qui, comme les Palestiniens, sont privés de droits fondamentaux, de liberté, de sécurité.
Est-ce qu’on n’est pas encore, aujourd’hui, pris dans cette boucle que Fanon décrivait déjà, celle dans laquelle les mêmes douleurs, les mêmes rapports de force, se rejouent sans fin ?
Absolument. Et Fanon nous alerte sur quelque chose de fondamental : la violence coloniale ne détruit pas uniquement les colonisés, elle ravage aussi ceux qui l’exercent. Elle les déshumanise, les enferme dans une logique de pouvoir qui finit par les aliéner eux-mêmes. Le système qu’ils ont construit pour dominer finit par les piéger à leur tour, les condamnant à une forme d’auto-destruction, parce qu’on ne peut pas bâtir une paix durable, ni une humanité viable, sur l’injustice et l’humiliation. Ce que Fanon met en lumière, c’est que l’oppression est une impasse pour tous : elle tue, elle corrompt, elle replie les sociétés sur elles-mêmes. Et tant qu’on ne regarde pas cette réalité en face, tant qu’on ne la nomme pas clairement, on continue à reproduire les mêmes mécanismes.
C’est pour ça que sa pensée est si précieuse aujourd’hui. Elle nous pousse à penser au-delà de l’émotion immédiate, à refuser l’aveuglement, à exercer une lucidité radicale — ancrée dans l’Histoire, dans l’analyse, mais aussi dans l’humain. Continuer à faire vivre Fanon aujourd’hui, c’est dire que ce qui se passe ailleurs ne nous est jamais étranger, que les luttes sont liées, et qu’il n’y a pas de neutralité possible. C’est aussi rappeler que l’art a un rôle à jouer : ne pas détourner le regard quand l’Histoire s’écrit dans le sang et qu’un peuple tout entier lutte pour sa liberté.
Ce que vous dites me fait penser à Aimé Césaire, pour qui la colonisation a pour but la déshumanisation du colonisé mais aussi la décivilisation, l’ensauvagement du colonisateur.
Tout à fait ! Pour Fanon aussi, très inspiré par Aimé Césaire qu’il a côtoyé dans sa jeunesse, c’est qu’un être humain ne peut complémentement survivre à un acte barbare, que l’on soit la victime ou le bourreau. On ne peut, psychologiquement et physiquement, supporter de répéter des actes visant à déshumaniser l’autre. C’est exactement ce message que j’ai essayé de véhiculer à travers le personnage du sergent Rolland ( l’excellent Stanislas Merhar, ndlr), dans le film. L’asservissement de ce personnage, qui est un véritable tortionnaire, à la violence, à la barbarie la plus froide, le voue à sa perte, à sa destruction intérieure. La colonisation exerce sur les colonisés une répression injuste et terrible permise par l’asservissement, l’abrutissement ainsi que la dégradation morale et psychologique de ses petites mains, de ses outils humains. C’est un système qui broie sans discernement mais dont le mécanisme est savamment pensé et se montre toujours très efficace, malheureusement.
Si la violence transparaît à l’image à travers des personnages comme le colonel Roland , la colère, elle, semble être représentée par la jeune et talentueuse Sfaya M’barki, qui incarne la résistante Farida…
Mon désir ultime lorsque j’écrivais ce film, c’était de présenter aux spectateurs de manière claire les différentes victimes de la colonisation, celles à qui ce système répressif et tyrannique ne laissera aucune chance de guérir, de se reconstruire. Le personnage de Farida a été forgé par l’injustice, il est rongé par la peur, il est ancré dans la lutte et détruit par la perte des siens. Un autre personnage, celui d’un jeune garçon algérien, patient du Docteur Fanon, représente lui aussi ce désespoir, cette perte de repères moraux dûe à une déshumanisation constante, répétée inlassablement. Petit à petit, chez ces deux personnages, la peur et le désespoir laissent place à la colère pour finalement, irrémédiablement, se muer en quelque chose de sombre et d’immuable. La violence, de son origine à ses conséquences, est au cœur du film, elle est disséquée et analysée, même si Frantz Fanon refuse toujours lui-même de s’y abandonner.

Justement, en parlant de cette colère qu’analyse Frantz Fanon sans jamais y céder, j’ai une théorie, puis-je vous en faire part ?
Oui, bien sûr, je n’attends que ça !
La rage, la colère, je l’ai ressentie tout au long du film, mais de la part de Fanon. Ce n’était ni à travers ses actes ou ses paroles, mais à travers la bande originale du film, entre jazz et rai, toute en tension et puissance sous-jacente…
Oui, tout à fait ! J’ai voulu, dès le départ, donner une part importante à la musique qui l’habillait, autant qu’aux dialogues. Je souhaitais donner au public l’occasion de comprendre la colère de Frantz Fanon face à l’injustice, lui permettre d’entrapercevoir ses émotions vives, humaines et faillibles. Parce qu’en fait, la puissance de ce personnage, et de l’homme qui l’a inspiré, réside dans le fait que jamais il ne cède face à cette violence interne, même si elle est parfaitement légitime. Il est dans une maîtrise constante, dans le dépassement continu de ses sentiments, tout simplement parce qu’il est un véritable intellectuel qui a pleine conscience qu’il fait partie de quelques chose de plus grand que lui, plus grand que n’importe qui : la lutte pour la liberté d’un peuple opprimé, pour la guérison de ses patients écrasés, déshumanisés, ensauvagés. C’est grâce au travail d’orfèvre du compositeur Thibault Kientz-Agyeman et du trompettiste Ludovic Louis que nous sommes parvenus à insuffler une âme puissante et nuancée à la bande originale de “Fanon”, qui devient naturellement un élément de compréhension supplémentaire pour le spectateur.
Elle prend même peut-être la forme d’un dialogue interne continu ?
Dans ce film, la musique est omniprésente et laisse entrevoir l’intérieur brut de l’homme qu’était Frantz Fanon, son combat pour briser ce schéma implacable de violence imposé par un pouvoir tyrannique — en commençant par lui-même. Il ressent la fureur, la rage même, comme vous l’avez souligné, mais il ne laisse jamais ses émotions le submerger. Il choisit au contraire d’agir, avec une détermination inlassable, contre ce qui provoque en lui cette tempête intérieure, dans le but de l’éradiquer à la racine. Dans plusieurs scènes du film, le personnage principal est confronté à des situations profondément injustes et insoutenables, et pourtant il reste dans une maîtrise douloureuse mais nécessaire de lui-même. Car s’il craque, s’il explose, son combat — et celui auquel il a pris part — prend fin.
Ce qu’il faut comprendre, cependant, c’est que son indignation n’est jamais étouffée : elle s’exprime à travers ses actes, ses écrits, ses luttes. Pour lui, la colère n’est pas une faiblesse à museler, mais une force à organiser pour renverser l’ordre établi. Et en même temps, il comprend que seule une conscience lucide, radicalement ancrée dans l’action, peut vaincre les racines multiples et solides de l’oppression. Ce qu’il exprime alors, c’est une colère profondément politique : une force vive, légitime, qui refuse d’être canalisée ou détournée, et qui œuvre à l’abolition de ce qui la rend nécessaire.
Vos propos me font penser à une interview de la rappeuse Casey, où elle dénonce la manière dont les systèmes de pouvoir disqualifient systématiquement la colère des opprimé·es, qu’ils perçoivent comme illégitime ou excessive !
Exactement. C’est un mécanisme redoutablement efficace pour préserver l’ordre établi : invalider toute réaction à l’injustice en la présentant comme une menace, un discours extrémiste et non structuré. C’est ainsi que des figures politiques majeures comme Frantz Fanon en France, ou Malcolm X aux États-Unis, ont été caricaturées, réduites à des symboles de la violence irrationnelle, alors même qu’elles dénonçaient et combattaient avant tout la brutalité d’un système oppressif. Et ce mécanisme reste tristement à l’œuvre aujourd’hui, sous des formes parfois plus insidieuses, bien que toujours aussi efficaces pour faire taire les colères légitimes. Mais il est rassurant de constater que les écrits et les paroles de Frantz Fanon continuent de résonner avec force, en particulier chez celles et ceux pour qui la lutte contre les systèmes d’oppression demeure une réalité quotidienne — notamment dans le cinéma ou le rap, où cette mémoire vive se transforme en art, en paroles, en actes.
Maintenant que j’y réflechis, je ne pense pas que je me serais intéressée si jeune à l’oeuvre de Frantz Fanon si je n’avais pas entendu des rappeurs comme Médine, Youssoupha, Kery James ou plus tard S.Pri Noir y faire référence dans leurs albums…
Vous voyez, j’adore ça ! Cette faculté qu’a le rap de rendre accessibles des bases de réflexion ou des éléments culturels à tous. Ce n’est pas seulement une question de références : c’est une façon de transmettre des héritages intellectuels et politiques dans un langage vivant, incarné, populaire. Quand une jeune personne entend le nom de Fanon dans un morceau, ce n’est pas un hasard ou une posture : c’est un écho. Et parfois, cet écho devient une porte d’entrée vers une pensée plus large, vers des lectures, des prises de conscience, des engagements. C’est aussi ce qui donne au rap une puissance subversive, au sens noble : il ouvre des mondes à ceux à qui on a souvent fermé l’accès au savoir.

En ce sens, on peut dire qu’il perpétue, à sa manière, le geste fanonien : celui de dire, de transmettre, et d’armer les esprits ?
Tout à fait, et c’est précisément aussi ce que j’essaye de faire à travers mes films — créer des récits qui éveillent, qui transmettent, et qui donnent à chacun les clés pour comprendre et résister. C’est aussi en cela que “Fanon” est un film militant : pas un manifeste, mais un acte de pédagogie engagée, une tentative de partager des outils de lecture du monde, au plus près des émotions et de la pensée.
À sa sortie, “Fanon” a été très peu programmé en salles, ce que beaucoup ont perçu comme un boycott. Pourtant, un véritable élan populaire a émergé sur les réseaux sociaux, où des influenceurs ont appelé à aller voir le film en masse. Aujourd’hui, les entrées se multiplient et de nombreuses salles supplémentaires ont finalement décidé de le projeter. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Je crois que “Fanon” est arrivé à un moment où beaucoup de gens étaient dans l’attente de recevoir ce genre< de messages. Il y a une vraie soif de sens, une attente profonde de récits qui ne contournent pas les questions politiques, qui nomment les choses, qui parlent à hauteur d’humain. Le message porté par “Fanon” a trouvé un écho immédiat chez beaucoup. Il y a une vraie demande de récits qui prennent à bras-le-corps les questions d’oppression, de transmission, de dignité. Beaucoup de spectateurs se sont sentis vus, entendus, reconnus dans ce film — et ça crée une forme d’adhésion immédiate, presque instinctive. Je crois que ce succès tient aussi à une circulation horizontale de la parole : ce sont les gens eux-mêmes, via les réseaux sociaux, les influenceurs, les communautés, qui ont porté le film, l’ont défendu, l’ont imposé. Et quelque part, je trouve ça beau, parce que ça montre qu’en dépit des obstacles, certaines voix trouvent encore le moyen d’émerger. Des voix qu’on tente souvent d’ignorer, qu’on refuse parfois d’entendre, mais qui existent, qui persistent, et qui finissent par s’imposer. Tout cela dit quelque chose de très fort sur notre époque : la volonté de reprendre le contrôle sur les récits, de refuser l’effacement, et de tout simplement exister.
Justement, pour conclure : Après l’épopée Frantz Fanon, quelle histoire aimeriez-vous faire exister à travers votre prochain film ? Quel récit avez-vous envie de porter à l’écran ?
Je ne peux pas en dire trop pour le moment, mais ce que je peux vous confier, c’est que les sources d’inspiration ne manquent pas. Il y a tant d’histoires invisibilisées, oubliées, ou étouffées, qui méritent d’être racontées — et je ne m’interdis rien. Je suis en quête de récits qui bousculent, qui éclairent autrement, qui donnent la parole à celles et ceux qu’on n’écoute pas assez. Le terrain est vaste… et passionnant.

Fanon, en salles depuis le 02 avril 2025.