Mode et Musique : l’univers de Uzi
Dans son marathon pour la promotion de son premier album Cœur abîmé, on a attrapé Uzi pour parler musique et d’un aspect important du rap game, la sape.
Après avoir régalé ses fans avec Akrapovitch 1 et les autres freestyles Akrapo qui ont suivi, Uzi, qui est signé chez SportBack Records, a enfin sorti son premier album, Cœur abîmé le 19 février dernier.
Teasé début janvier avec le titre Intro – qui a déjà plus de 2,6 millions de vue sur Youtube – le projet a 16 titres au compteur, produits par non moins de 15 producteurs différents, dont Shabz Beatz, qui est beatmaker pour Nekfeu ou encore Gradur, sur le titre éponyme. On y trouve aussi le Lyonnais P2wider sur deux sons (22 Mètres coproduit avec KRM Beatz ; et 10 ans coproduit avec Dave) ; mais aussi le jeune prodige de Ris-Orangis, Lil Ben, avec qui il avait déjà collaboré pour Akropovitch 5 et En Mouvement. Sans oublier Hood Star et Yannis Wade qui signent respectivement À La Fête et Bella, deux des trois titres les plus plébiscités par les fans.
Sur Cœur abîmé, Uzi rend un hommage sincère aux siens, à Noisiel, et à son quartier où, chaque jour, c’est la crise, mais on passe bien, on veut le haut de l’affiche. D’ailleurs, sa ville et ses habitants, qu’il remercie aussi bien dans ses chansons que sur les réseaux, lui ont rendu cette affection au mois de février puisqu’entre 150 et 200 personnes se sont réunies clandestinement, en bravant les conseils sanitaires actuels, pour fêter la sortie du disque. Au micro de la chaîne BFMTV, le rappeur, qui se dit conscient de la pandémie, mais non « responsable », a déclaré : « Ça nous a fait très plaisir. (…) On est jeunes, on a besoin de croquer la vie à pleines dents. »
Dessus, il parle aussi de son parcours : de son adolescence à sécher les cours au collège, à squatter les bâtiments et à « faire des sous ». Des galères qui ne l’ont pas empêché de persévérer dans le rap où, pour le paraphraser, il veut juste faire son trou, même si « la gloire, j’la veux as-p ».
Ce qui surprend avec ce premier opus, c’est qu’il ne contient aucun featuring, chose assez rare dans le game. Ça n’empêche pas au dernier talent sorti de la Ferme du Buisson de cartonner sur les réseaux et les plateformes de streaming. Preuve en est le succès de À la Fête, qui a déjà fait plus de 45 millions d’écoutes sur Spotify.
Autre pépite qui vaut le détour : État du cœur. Co-écrit avec Josh Rosinet, c’est l’un des plus beaux sons du projet. Plus posée, et aussi plus personnelle, on y ressent une certaine maturité et évolution dans la plume de Uzi.
Pour moi, le plus important, c’est d’arriver classe et présentable !
Avec son sourire d’enfant, le rappeur de 21 ans est à mille lieues de l’image bling-bling que l’on a l’habitude de voir dans le milieu. Il avoue d’ailleurs volontiers ne pas être « trop fan de bling ».
Son style, il le rapproche de celui du footballeur Neymar qu’il trouve « sobre, mais aussi hype ».
Quand on regarde ses clips, de À la fête à Cœur brisé, en passant par Intro, c’est vrai que « sobre » et « hype » ça lui correspond assez bien. Son truc, c’est les survêts, les maillots de foot, les polaires, ou encore les cols roulés. Des tenues toujours portées monochromes.
Uzi aime tellement le foot qu’il le référence, comme Booba avant lui, avec Numéro 10 (qui est aussi le numéro de Neymar) et 10 ans. Et même s’il est fan du PSG, c’est un collectionneur avant tout : « j’ai tous les maillots chez moi, même le maillot d’Amiens ! »
S’il se dit « polyvalent », le style de Uzi est minimaliste mais sophistiqué, à l’image de sa collaboration avec la marque française Project x Paris. Née en 2015, PXP est devenue une référence dans le streetwear et possède 30 magasins de Paris à Dubaï. Côté collabs, ils en ont fait plus d’une cinquantaine avec des artistes comme Chris Brown et Akon, mais aussi Damso, Koba Lad, Orelsan, Aya Nakamura et Vegedream.
Influencée par les cultures urbaines, et notamment par le hip-hop, mais aussi par le sport, la marque se positionne entre lifestyle et streetwear et mise sur des thèmes « baroque, fluo ou encore color ».
Uzi x Project x Paris conjugue leur amour commun du streetwear, avec des designs très modernes, aux lignes très épurées, qui misent tout sur le détail, le travail sur la typographie des imprimés et du logo, et les pops de couleur pour élever des pièces monochromes. Il y a un mois, le rappeur portait d’ailleurs sa pièce préférée, le sweat PXP unisexe brush all over en ivoire, sur les ondes de Skyrock pendant qu’il interprétait le titre L’authentique. Dans la collab, on trouve aussi des hoodies, des jeans, et une panoplie de survêtements, pour des looks casual et chics.
La sophistication dans les looks de Uzi, on la trouve aussi dans sa façon d’accessoiriser ses fits.
C’est d’ailleurs rare de le trouver sans une paire de lunettes de soleil vissée sur le nez, ou à l’occasion, comme dans ses clips, posée à l’arrière de sa tête. Mais il aime aussi jouer sur les contrastes, comme avec son accessoire favori, sa montre : il aime mélanger les deux styles. Mettre un ensemble de survêt’ et sa Rolex. Ça fait partie de son style. Un goût pour les montres à bracelets présidentiels qu’il compte bien enrichir.
Même s’il se dit volontiers « simple et classe » quand il parle de son style, Uzi regarde ce qui se fait dans le milieu : « Je suis obligé de suivre les tendances pour me démarquer ». Pour autant, il fait aussi attention à me sentir à l’aise, car ça se sent devant la caméra ou le public [et] pour le reste, c’est ma musique qui parle pour moi.