COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
COFFY : RENCONTRE AVEC POUNDO
Ce jour là, tout le monde s’affaire à la Kazi House. L’équipe du shooting orchestré par Melissa, directrice artistique et maîtresse de cérémonie de l’agence Smoked Sugar est prête à accueillir la danseuse, chanteuse, mannequin, journaliste et ambassadrice Unicef Poundo Gomis qui accompagne actuellement Aya Nakamura en tournée. Sur la table, que de beaux accessoires et tenues, des couleurs et un moodboard signé Smoked Sugar, éclectique et empreint de références artistiques allant de la Joconde à Basquiat. Ce n’est pas un shooting comme les autres car on prépare aussi COFFY, le shot visuel et éditorial proposé par 33 Carats et Smoked Sugar ! COFFY est inspiré par le film du même nom dont l’héroine Coffy est interprétée par Pam Grier. On vous présente les badass modernes qui bottent des derrières dans le milieu artistique !
COFFY c’est une dose de conversation sur la création, les parcours de vie sans oublier un petit nuage de hip hop !
33 Carats : Bonjour Poundo, actuellement tu assures la show comme danseuse sur le Nakamura Tour d’Aya Nakamura. En 2011, c’est grâce à une formation de danseuse, tu te retrouves propulsée dans le casting de l’incroyable comédie musicale Fela! (financé entre autres par Jay Z, Will Smith, Jada Pinket..). J’ai découvert ce spectacle à Londres, et j’ai été touchée non seulement par l’histoire mais aussi par une mise en scène hyper réaliste. Peux-tu nous parler des coulisses d’une aussi belle aventure.
Fela! a complètement changé ma vie. Pendant presque 3 ans, j’étais sur les routes d’Europe et également aux Etats Unis. Effectivement, j’étais à Londres car nous avons joué en Angleterre et aux Pays-Bas. Une fois que le casting a été retenu, nous nous sommes tous installée à Londres avec l’équipe de création. Le matin on prenait des cours d’histoire pour maîtriser le contexte politique et social de la pièce et l’après-midi je devenais Alaké, l’une des 27 femmes du chanteur Fela qui résidait à Kalakuta Republic. Je devenais une amazone. Chaque soir sur scène, c’était comme si je jouais mon dernier spectacle. Ce rôle m’a donné énormément confiance en moi. Pendant mon passage en solo, j’incarnais Alaké et son histoire, j’avais un but, je voulais transmettre ses émotions au public.
À Broadway, c’était un spectacle qui dérangeait. Il faut rappeler que la comédie musical revient sur des temps forts de la vie du chanteur nigérian très controversé dans son pays. Comme le moment où sa mère Francis Abigail Olufunmilayo Thomas est défenestrée et tuée par la police nigériane lors de son assault militaire sur la compound en 1977. On se rendait compte de l’impact de cette comédie musicale. On fait partie de l’histoire. En plus d’être financé par des artistes afro américains ce spectacle a reçu, pour son fort engagement, les soutiens de Stevie Wonder, Prince ou encore Quincy Jones. L’un de mes souvenirs préférés, c’est l’invitation de Yasiin Bey et Talib Kweli, les rappeurs du groupe Blackstar. Ils nous ont invité à leur show pour chanter et danser. Inoubliable !
https://www.instagram.com/p/ohW1sNm_G_/
Après la comédie musicale Fela! ta carrière aux Etats-Unis continue avec une nouvelle casquette inattendue. Tu seras cette fois-ci derrière la scène comme rédactrice en chef mode des sites de référence Okayplayer & Okayafrica. A choisir, que préfères-tu : travailler derrière ou devant la scène?
Pour la petite histoire, je me blesse à la fin de la comédie musical, j’ai des béquilles et suis assignée à résidence. J’habitais à Brooklyn et pour rester aux Etats-Unis je devais travailler mais avec ma blessure, j’avais peu d’options ! Là j’y vais au culot, je me dis que c’est ça le rêve américain. J’ai un diplôme en commerce international et je parle plusieurs langues. Je me dis que je vais participer à la vie de la comédie musical en proposant mes services pour la vente du spectacle à l’étranger. Je me rends, toujours en béquilles, dans nos bureaux au Rockfeller Center à Manhattan et j’explique la situation au big boss, et une fois dans mon taxi, le téléphone sonne. “Il y a un poste de rédactrice en chef mode qui s’est libéré à Okayplayer, va à l’entretien, ce poste est pour toi !”me dit-il. Je m’y rends et décroche le jour même ce poste sans expérience antérieure dans la mode ! Tout va vite aux Etats-Unis – il ne faut pas hésiter et prendre le train en marche ! Pas le temps pour les hésitations !
Lors de mon premier jour à la rédaction, je prenais des notes, c’était mon coté geek et bonne élève! J’achetais et je dévorais aussi tous les magasines et livres à ce sujet ! J’ai découvert que mon avantage sur ce poste c’était d’être française et ma passion pour le style et les vêtements ! Je me rendais compte qu’il y avait plus de choses que je connaissais sur cette industrie que je ne l’imaginais ! Je suis restée 2 ans à ce poste.
Et si je devais choisir… Mais pourquoi choisir! C’est comme Paris, c’est mon premier amour et New-York c’est mon amant, chacun sa place ! Pour la scène, on ne peut pas m’enlever la danse. Je suis incapable de rester immobile. Je suis tout le temps dans le mouvement. C’est ce qui m’a donné cette impulsion d’aller vers l’avant ! Avec le recul c’était vraiment culotté de ma part, mais sans ce mélange de débrouillardise et de culot, j’aurais pu stagner! J’ai créé mon univers, l’univers Poundo ! Je n’y ai mis ni de barrière ni de frontière !
Et justement dans ton univers tu as un mantra qui est Born to Show off! (née pour faire le show !) Tu mélanges les univers de la mode et de la musique et collabore avec différents artistes dans la mode ou la musique pour créer des vidéos ou des photos unissant vos styles. D’ou te viennent toutes ces inspirations ?
Lorsque je recherche des artistes pour des collaborations, je suis surtout attirée par leurs visuels. Parfois c’est la manière dont la personne va s’adresser à ses followers. Pour moi c’est une question d’énergie- Parfois, encore une fois, j’y vais au culot, je ne sais pas ce que le résultat va donner ! Il faut que je vois la personne et si elle amène de bonnes énergies autour d’elle et le résultat est souvent à la hauteur de ses vibrations !
Les voyages m’inspirent tout autant dans ma créativité. Par exemple Je peux partir à Dakar, contacter des artistes. Je les rencontre, j’observe et une fois que le projet est lancé je m’occupe de la musique et de la direction artistique.
Pour me sentir complète, j’éprouve aussi une grande connection à ma famille. Je me bats tous les jours pour prendre la voie que ma grand mère n’a pas eu à mon âge. Ma grand-mère a eu peu de moyens quand elle était en Guinée. C’est aussi le cas de ma mère si elle avait eu des opportunités…C’est peut-être dû à un manque de représentation à cette époque. Dans mes visuels, je veux participer à mettre en valeur ces femme fortes !
Tu es basée à Paris mais il est rare de t’y croiser! Tu sembles être une nomade dans l’âme ! Que ce soit sur tes photos ou dans tes vidéos de danse, tu souhaites faire voyager ton public, parle-nous cette place privilégiée des voyages dans ta création.
Ce que j’aime en partant c’est découvrir les cultures et vivre au rythme du pays. J’ai grandi avec 3 langues parlées à la maison. C’est ce qui a contribué à ce que je m’adapte dans toutes les circonstances. Parfois, je vais aussi choisir de m’installer dans une ville pour la qualité de vie, pour une autre ça sera son énergie. Et pour en revenir aux langues comme au style de vie tout est dans la nuance. Par exemple, en Mandjak il y a des nuances que je n’ai pas retrouvées dans d’autres langues.
Cette année, tu es ambassadrice UNICEF pour la campagne « Ne m’appelez pas Madame » – peux-tu nous parler de cet engagement ?
Nous étions 14 ambassadrices UNICEF à nous rendre au Burkina Faso en Avril dernier. Nous avons été réunies par Anna Touré qui est une excellente ambassadrice pour l’Afrique. Nous avons pris part à la campagne de sensibilisation contre le mariage infantile et l’excision. Nous étions logées à Ouagadougou Unicef et avons rencontré des jeunes femmes fortes qui ont tout quitté car on les a forcé à se marier. Elles parlaient des conditions du mariages, des dottes entre 20 et 150 euros, des problèmes rencontrées avec leurs familles, de leur choix de partir…
Dans le panel de discussion, il y eu quelques clash en terme de vision. Entre notre vision occidentale de femmes d’origine africaine et les hommes qui nous répondaient. On s’est rendue compte du manque d’éducation sexuelle. J’ai pu constater qu’ il n’y a pas d’éducation sexuelle auprès des jeunes filles, mais aussi des parents et de la population en général. L’UNICEF travaille avec les associations sur place afin d’apporter des solutions.
https://www.instagram.com/p/Bu8uvTXAIjx/
On se souvient de ton détournement de la campagne Air France, aujourd’hui qu’est ce qui t’indignes et sur quoi souhaiterais-tu que les mentalités évoluent?
Ce qui m’indigne c’est l’appropriation culturelle et le racisme ordinaire, en France. Il faut sensibiliser les gens à ne pas dire ou faire certaines choses.
Avec les réseaux sociaux comment intéragis-tu avec ton public ? As-tu une anecdote à nous raconter?
Mes plus jeunes followers me contactent souvent pour des conseils concernant une carrière artistique. J’essaie de répondre à tout le monde. Je reçois aussi beaucoup de messages de soutien Aujourd’hui en postant tu ne sais pas qui tu peux toucher sur les réseaux. J’inspire grâce aux réseaux et je suis inspirée- c’est comme ça que je suis et c’est ce que je recherche sur les réseaux sociaux! Je fais de belles rencontres des collaborations et c’est comme ça que je crée mon contenu – c’est comme ça que j’ai rencontré Melissa !
Qu’écoutes-tu comme musique et avec quels artistes aimerais-tu travailler ?
J’écoute tout le temps de la musique ! Selon les périodes, je peux écouter de la musique africaine, de la musique années 70, de la house, du rock, comme du hip hop. Dans ma playlist du moment, il y a The Internet, Kendrick Lamar qui m’a touché dans sa démarche. Pour moi, tout artiste devrait refléter la société dans laquelle il vit. Et toujours Coltrane en boucle ! J’aimerai collaborer avec Rosalia Musicalement et pour ses clips, elle a un style inqualifiable. Beyonce m’inspire, of course mais aussi Hugh Masekela. J’oubliais Burna Boy, Jorja Smith, La Chica, Goldlink, Kaytranada. J’aimerais collaborer avec des artistes féminines comme FKA Twigs, Rosalia, Solange.
Des collaborations très hip hop!
Oui c’est une vraie histoire d’amour ! Je ne l’ai pas choisi, c’est le hip hop qui m’a choisi! J’ai d’abord découvert la danse à Boulogne, je devais avoir 14-15 ans quand j’ai commencé à m’entraîner avec les groupes devant la patinoire ! J’ai tout de suite voulu les rejoindre, j’avais commencé la danse jazz. Le rap a changé ma conception de moi et de la vie. Je suis hip-hop. J’ai été influencé par tellement d’artistes de ce mouvement à aller vers mes rêves et construire mes rêves. De Missy Elliot à Aaliyah en passant par Ciara, leurs ascensions m’a toujours motivé ! Et c’est tout naturellement que je me sens à ma place à ma place durant cette tournée avec Aya Nakamura !
Ton actualité en 2020 ?
Je continue le Nakamura Tour jusqu’à la fin de l’année. Je vais me concentrer sur ma carrière et la sortie de mon projet musical. Mon premier titre « We are More »sort en Janvier !
Merci Poundo !
Smoked Sugar est une agence de publicité qui aide les entreprises et les afro-entrepreneurs à se décomplexer en créant un ADN de marque propre. Nous mettons nos valeurs culturelles et notre esthétique au service du marketing en créant des images, des concepts et des stratégies personnalisés.
http://smokedsugar.fr/